Le Festival TransAmériques (FTA), qui s’est déroulé du 23 mai au 7 juin, en est à sa 12e édition. C’est le plus important festival de spectacles vivants en Amérique du Nord. Il présente une grande variété de spectacles de danse et de théâtre, le meilleur et le plus audacieux d’ici et d’ailleurs.
J’ai d’abord assisté à 6 & 9 une chorégraphie minimaliste du chorégraphe chinois Tao Ye. Je pensais voir un spectacle où le mouvement serait décortiqué, un peu comme dans les photographies multiples de Muybridge. Il s’agissait plutôt de mouvements très lents, trop lents, abstraits, trop abstraits, effectués avec beaucoup de rigueur et de contrôle, peut-être trop. Le style abstrait, la répétition de mouvement sur une musique qui me rendait fort inconfortable m’a laissé froid. L’éclairage était par contre incroyable, tellement faible que je ne voyais que des parcelles de corps, puis se mouvant lentement, dévoilant parfois un danseur que je n’avais même pas vu. Je ne peux malheureusement pas dire que j’ai apprécié le tout.
J’ai ensuite vu Betroffenheit crée par la chorégraphe Crystal Pite et l’acteur et dramaturge Jonathan Young de Vancouver. Ce mot allemand peut être traduit par stupeur paralysante ou état de choc après un désastre. Le spectacle nous plonge dans la quête obsédante d’un être atteint d’un choc post-traumatique. Jonathan Young est d’abord seul, accroupi dans une salle close. Puis, à la suite d’une invitation d’un ami, une fête vient éclater et colorer de manière foudroyante le repaire du personnage principal. Danseurs à paillettes, clown inquiétant et une ambiance festive et burlesque. Tout au long du spectacle la thématique de substance, et de la consommation comme nécessitée pour performer m’ont ébranlé et fasciné. La variété de style de danse, de costume, de vignette donnait l’impression d’assister à un melting pot d’idées menée par un David Lynch plus lyrique et en technicolor ! Est-ce que les personnages veulent aider notre protagoniste, le détruire, profiter de lui-même ou encore se venger ? Le tout est juste assez flou pour intriguer et intéresser durant l’entièreté du spectacle.
La 2e partie est plus dépouillée, sans personnage burlesque, l’agitation et les mouvements exagérés font place à des mouvements plus fluides. Dans Betroffenheit la très belle scénographie et la bande sonore sont modulées au fil du récit pour s’harmoniser avec les états de cet homme qui encaisse le choc après un terrible accident. Les 6 interprètes polyvalents et en pleine maîtrise de leur art nous font bien sentir la lutte pour la survie, les émotions passent. Un spectacle prenant qui malgré le sujet est par moments drôle, étrange, mais surtout fascinant du début à la fin.