Jérémy, fan de la célèbre série télévisée The Walking dead, se réveille un jour sans visage. À travers l’utilisation du fantastique, l’auteur Larry Tremblay, traite de la notion d’identité à l’adolescence dans Le garçon au visage disparu. Mécanique et parsemée de métaphores, l’histoire flirte constamment avec l’humour, le caricatural, le fantastique et l’épouvante d’une manière originale.
Silence sur le plateau !
Présentées comme un tournage cinématographique, les scènes sont découpées au quart de tour. Jérémy raconte son histoire à la caméra : sa relation quasi-inexistante avec son père, travailleur humanitaire en Afrique. Ce dernier semble passer plus de temps avec des étrangers et cette situation le dérange.
Un jour, tout bascule. Son père est enlevé. Dès lors, il perd ses sens : yeux, oreilles, nez et bouche. Pourquoi son visage disparaît ? Pour fuir la réalité ? Ou bien se retirer pour vivre à l’intérieur de lui-même un moment d’intimité avec son père ? Larry Tremblay laisse le soin au public de l’interpréter à leur façon. Et durant toute la pièce, le spectateur devra à plusieurs reprises tirer ses propres conclusions.
Que représentent les zombies dans Le garçon au visage disparu ? Selon le mythe, ils errent entre les mots et les vivants, ne ressentent rien, sont anesthésiés. Jérémy, avec sa fascination morbide pour eux, aimerait lui aussi être vivant et mort à la fois. Avec une allure d’ado sombre et gothique, une aura d’obscurité l’entoure.
Adèle, la mère du garçon, essaie tant bien que mal de gérer le visage disparu de son fils. Pour l’aider, elle fait appel à un policier, un psychiatre et un prêtre, trois figures de mâles. L’amie fidèle de Jérémy tente de l’épauler dans sa détresse, mais elle ne comprend son attrait pour les zombies et son ressentiment envers son père. Elle, au contraire, admire le courage du père d’aider les plus démunis de la planète.
Une esthétique visuelle bien ficelée
La mise en scène de Benoît Vermeulen rappelle son goût pour les dimensions esthétiques, structurelles et l’expérimentation. Les images projetées font entrer le public à l’intérieur de différentes ambiances avec une mécanique ingénieuse. Les décors, étonnants par leurs multifonctionnalités, sont pratiques et savamment utilisés pour passer d’une scène à l’autre, intérieure et extérieure. Lors des transitions, c’est l’image d’un Rubik’s Cube qui vient en tête : les éléments se placent naturellement pour former une image parfaite.
La musique et les effets sonores sont assez présents, comme dans certains films d’épouvante. L’aspect cinéma permet aussi de jongler constamment entre plusieurs formes sonores : voix off, doublage, prise sur caméra.
Une pièce à voir pour les amoureux du cinéma, de l’image et de l’esthétique, jusqu’au 25 novembre.
Martine Robergeau
Le garçon au visage disparu
La Licorne, une production Théâtre Le Clou en codiffusion avec La Manufacture.
Texte : Larry Tremblay
Mise en scène : Benoît Vermeulen
Avec : Julie McClemens, Christian E. Roy, Alice Moreault et David Strasbourg
Visionnez l’entrevue avec le metteur en scène