Cette pièce plonge le spectateur dans une descente aux enfers où l’on met en scène la déconstruction du corps, de l’âme et de l’esprit. Sous la nuit solitaire s’inspire des gravures que Gustave Doré a réalisées pour illustrer les enfers de Dante, le père de la Divine comédie. Une épopée fascinante, sauvage et d’une noirceur absolue. Gare aux âmes sensibles.
L’enfer, c’est les autres
Les sept interprètes expriment avec leurs corps la déchéance humaine : ses chutes, ses dépressions et ses failles. Les corps, déconstruits, habitent les abîmes de l’enfer. Tantôt décortiqués, tantôt évoquant des créatures de la nuit, les mouvements de ces humains, qui n’en sont plus parfois, coupent le souffle.
Au fond de ce trou noir, les corps s’entremêlent, s’entretuent, se chevauchent, se désirent, s’accrochent, se mordent et se déchirent. Les mouvements rapides, saccadés, lents et découpés : le corps est sans limite dans son démantèlement.
Ambiance infernale
Dans Sous la nuit solitaire, les mots de Dante sont projetés sur scène pour expliquer le propos puisque l’histoire n’est pas linéaire, on a plutôt affaire à une danse théâtrale. L’absence de dialogues permet d’accentuer la mise en scène sur les chorégraphies, la musique et l’ambiance visuelle poignante. Les comédiens ne font qu’un avec une musique angoissante.
La succession de différents tableaux permet de faire défiler des scènes aux ambiances démoniaques et illustrant parfaitement l’asymétrie des entrailles de l’enfer. Le décor épuré et l’éclairage font ressortir les ombres et ainsi, le sentiment d’inquiétante étrangeté de ces âmes errantes.
Descente aux enfers
Durant une heure, le public pénètre dans l’obscurité sans trop savoir s’il devra y rester pour toujours. Tous les effets visuels et sonores, en parfaite symbiose, dévoilent une esthétique de ces corps plongés dans une profonde noirceur. Les comédiens-danseurs exposent des danses macabres interprétées en beauté, malgré la laideur du sujet. Le corps prend toute la place, tandis que la bouche se meurt sous la violence des gestes.
Sous la nuit solitaire est sans contredit une pièce pour les amateurs de sensations fortes et de danse.
Jusqu’au 2 décembre 2017 au Théâtre Quat’Sous
Une coproduction de Trois Tristes Tigres et Créations Estelle Clareton.
Mise en scène : Estelle Clareton et Olivier Kemeid